31 juillet 2019

Après les puces intelligentes, les punaises cultivées!


Je n’avais pas mis les pieds à cette bibliothèque depuis plus d'un un an. La BANQ(1) est un endroit que j'adore. L’institution satisfait les esprits les plus avides. En plus des collections, il y a les expos, les conférences, mais la plupart du temps, après avoir fureté, j’y lis mon propre livre que je trimbale dans ma besace car l’endroit est confortable et convivial, c’est lumineux et garni d'essences de bois d’ici. 7000 personnes s’y rendent quotidiennement, chacun a sa raison.

Quelle ne fut pas ma surprise de constater que les fauteuils de lecture avaient disparu, sur tous les étages! Ils se comptaient par centaines! On les a remplacés par des chaises! Qui veut lire sur une chaise droite, sans table? Il y a les postes de travail, mais c’est prévu pour les ordinateurs, les étudiants.

Cela m’a troublé. J’ai posé mon séant pour lire un peu, mais j’étais si inconfortable qu’après deux pages je suis parti. J’étais frustré, autant me rendre dans un café! Sachez que lorsque je suis fâché, plutôt que de chercher à comprendre et à poser des questions à un(e) employé(e), j’ai tendance à soupçonner la manigance. Sans être obsédé par les complots, je redoute certains humains.

Depuis l’ouverture de l’édifice, l’imposant service de sécurité veille à ce que les sans-abris, nombreux dans le secteur, ne viennent y dormir ou embêter les autres. Puisqu’on ne peut restreindre l’accès à quiconque (les SDF ont droit à la culture eux aussi), les malheureux venaient, livre en main, se prélasser dans les fauteuils tout confort. Je me suis dit : la direction a trouvé un truc pour les dissuader de venir : ils ont retiré le mobilier trop douillet, c'est fou, autant barrer les portes!

J’étais dans le champ, encore une fois! Les fauteuils furent retirés à cause d’une invasion de punaises, des punaises de lits. Faute de lits, elles se sont installées dans des fauteuils et j’apprends qu’elles aiment séjourner dans les livres! L’endroit constitue donc un sanctuaire pour elles. Dans l’esprit de certains, les itinérants représenteraient un ticket d’entrée pour le paradis. C'est idiot de penser cela car le problème est généralisé.

Que faire? On ne peut tout de même pas lire debout! Mis à part ma fille qui lit debout et en marchant, personne ne fait ça. La situation serait semblable dans les salles d’attente, dans les cinémas, dans les bus, dans le métro… On me dit que des équipes d’exterminateurs sont à l’œuvre sur une base régulière, qu’on désinfecte et nettoie les wagons de métro et les bus régulièrement. Il y aurait aussi de telles bestioles dans de nombreux appartements. Ces petites bêtes avaient disparu dans les années ’40, mais seraient réapparues vers 1990. J’écris ces mots de chez moi, debout, car je me suis débarrassé de mes meubles (non, c’est une blague).

Reste que je vais souvent au cinéma et que j’y songerai avant de choisir ma place. Quel est le siège le plus sûr? Devrais-je vaporiser mon siège avec quelque chose? Dans le métro, je resterai debout, c’est clair!

Soudainement la vie se complique. Je n’aurais pas dû aller à la bibliothèque.

GL

(1) Bibliothèque et Archives Nationales du Québec

23 commentaires:

  1. Les punaises ont droit à la culture aussi, ceci dit c'est un fléau...

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. C'est ce que je lis. Tant qu'on n'est pas concerné on n'y pense pas, de là ma surprise. Je me tiens pourtant au courant des actualités et voilà que je constate que de nombreux reportages avaient été tournés sur ce sujet précis...

      GL

      Effacer
  2. Eh oui, des fois on se fait tout un tas d'idées, et puis en fait la raison est bien plus simple : une invasion de punaises, tout simplement ! Ceci dit, ce n'est pas très agréable de savoir que l'on peut s'asseoir sur ces petites bestioles. Mettre dans sa poche une loupe et examiner chaque siège où l'on se pose ? Un peu fastidieux... C'est bien embêtant en effet.
    Belle fin de journée, Grand-Langue.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Françoise,

      J'ai appris que les dites bestioles se trouvaient sur les fauteuils qui étaient recouverts de tissus. Au moment d'acheter ce mobilier, il n'y avait pas vraiment de problèmes avec les punaises. La direction a entreposé les fauteuils infestés et ils envisagent de les remplacer (environ 350) par un mobilier de type anti-punaises. Il semble que cela existe. Ailleurs dans cette immense bibliothèque, les chaises sont en bois ou d'un matériel synthétique.

      GL

      Effacer
    2. Merci pour ces explications, Grand-Langue.
      Belle journée !

      Effacer
  3. A mon tour de découvrir votre blog et merci pour votre visite .Les grandes bibliothèques sont souvent des lieux de rencontres et d’études ou l'on prend plaisir a y passer des demi journee entière ,surtout en hiver .. Tous les lieux public maintenant offrent aux clients des petites lingettes désinfectantes pour assurer aux consommateurs une meilleur protection,surtout dans les grandes surfaces que beaucoup de personnes fréquentent. Ça aide un peu mais ca incite aussi a se méfier de tout même d'un siège dans les jardins public ..Bon week-end chez vous .
    Nicole/loneci

    RépondreEffacer
  4. Merci de votre visite Nicole,

    J'ai apprécié votre blogue qui traite de l'histoire américaine et de ses lieux marquants. J'invite les gens à vous lire. Votre histoire et la nôtre, en tant que Nord-Américains, s'imbriquent l'une dans l'autre.

    GL

    RépondreEffacer
  5. Je ne savais même pas que ça existait encore. Et je suis étonnée qu'ils n'aient pas trouvé quelque chose pour les éradiquer. Je sais que pour les puces il y a des bombes fumigènes, on ferme tout, on allume la bombe, et après il n'y a plus qu'à aspirer. Quand même plus simple et surtout moins coûteux que de changer tous les sièges...

    RépondreEffacer
  6. Bonjour Pastelle!

    Oh oui, c'est une triste réalité au point que plus personne n'achète un sofa d'occasion, aucun meuble d'occasion dont la finition est en tissus. Ces punaises n'existaient pratiquement plus, depuis les années '40.

    De nombreux produits sont utilisés par les exterminateurs mais il ne faut pas oublier un seul endroit (généralement près des coutures, des rebords) car il peut y avoir des œufs. J'ai appris par exemple qu'à la Grande Bibliothèque on nettoyait tous les meubles une ou deux fois par semaine avec des nettoyants qui sont aussi des insecticides. Sauf que le va et vient est important... on ne peut désinfecter chaque individu qui entre!

    Alors je n'ose penser à tous ces sièges d'avions, de trains. C'est sans fin...

    GL

    RépondreEffacer
  7. Si ça ne m'effrayait pas tant, votre histoire me ferait sourire… j'imagine un quidam vivant debout et sans meubles après une invasion de punaises. Combien de temps tiendrait-il? Mais bon, j'ai déjà eu l'occasion de me frotter à ces bestioles ou plutôt se sont elles qui se sont frottées à moi lorsque j'étais gamine (il y a donc longtemps) et c'est très, très désagréable, les démangeaisons sont terribles!! Bon courage à vous

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Bonjour Brizou,

      C'est une grande bibliothèque que je fréquente régulièrement qui est affectée par les punaises. Heureusement, je n'en n'ai pas chez moi!

      Je suis à l'extérieur et je vous écris justement de la bibliothèque d'un tout petit village. En m'assoyant il y a 5 minutes, je me suis dit: j'espère qu'ils ne sont pas victimes de ces bestioles (rire). J'en doute beaucoup. Ici, les animaux sont plutôt de grande taille!

      Ne soyez donc pas effrayée Brizou, il faut sourire et même en rire!

      GL

      Effacer
  8. Oh punaise ! quelle déconvenue que de ne pouvoir poser votre auguste séans sur du moelleux...
    Mais que lisiez-vous donc ce jour-là ? Voilà ce qui m'intéresse, au fond.
    J'aime vos récits, cher ami.
    Affectueusement
    céleste
    •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Qu'est-ce que je lisais alors? Avant de partir au Bic... je terminais cette brique que mes enfants avaient lu au secondaire, Les Piliers de La Terre (Follet). Je m'étais promis de le lire. C'est chose faite... 20 ans plus tard (rire). Faudrait que j'en parle à mon fils!

      Le côté instructif m'a plu (techniques de construction des cathédrales, l'aspect historique), quant au roman en tant que tel, mon opinion est mitigée. On séparait les bons des méchants. Les bons étaient vraiment bons et les méchants vraiment méchants (rire)... et à la fin les bons gagnaient! Il y avait ces rois, ces princesses déchues et tous ces chevaliers qui ne cadraient pas avec le reste du bouquin qui sans le dire, prétendait à quelque chose de sérieux.

      Dans chaque oeuvre, je trouve quelque chose d'enrichissant. Il faut parfois lire de nombreuses pages pour y arriver (rire). Quand je termine un livre, je cesse de lire pendant un ou deux jours et j'écris quelques mots au sujet de cette lecture. J'ai alors l'impression de ne pas avoir lu inutilement. Le livre m'accompagne toujours mais je ne suis pas un « bouffeur de livres », de toute manière on ne peut en lire que très peu dans une vie. Je savoure, je lis lentement, en divers lieux et en toute circonstance, mes goûts sont très éclectiques. On n'est jamais seul avec un livre (c'est pas de moi).

      Lors de mon séjour dans le Bas du Fleuve j'ai emporté et lu:

      Cherche le Vent (Guillaume Vigneault, le fils de Gilles) : découverte intéressante.
      Pilote de Guerre (St-Ex) : j'adore St-Ex, comme vous.
      Un Reporter au Cœur de la Libération (J.B. Pattier) : ce fut un wow!

      Et me voici à la maison... pour une semaine... à ne rien faire!

      GL

      NB: Séant, votre mot m'a frappé! Avec un S au début, comme vous l'écrivez... mais avec un T à la fin. J'ai toujours écrit Céans, qui est un autre mot. On apprend plein de choses grâce aux fautes!

      Effacer
    2. Je pourrais avoir la mauvaise foi de la maîtresse d'école et vous dire que je l'avais fait exprès pour savoir si vous suiviez. Mais je crains fort d'avoir laissé cette faute se glisser toute seule dans ma phrase sans que j’en puisse mais...
      Merci de l'avoir soulignée...

      Merci aussi pour ce rapport circonstancié de vos lectures, je suis comblée de tant de zèle.
      « Cherche le vent » je note (pour la beauté du titre.)
      Quant à ne rien faire ? Quel bonheur !
      Connaissez-vous cet éloge de la paresse de Renoir ?

      « La paresse est une valeur humaine qui est en train de disparaître.
      C’est fou ce qu’à notre époque les gens peuvent être actifs.
      Que quelques amis se réunissent le dimanche pour un bon déjeuner, à peine la dernière bouchée avalée, il se trouve toujours quelqu'un pour demander :
      - Alors... ? Qu’est ce qu’on fait ?…
      Une espèce d’angoisse bouleverse ses traits, tant est grand son désir de faire quelque chose.
      Et il insiste :
      - Qu’est ce qu’on fait ?
      - Mais rien !, ai-je toujours envie de répondre…
      Pour l’amour de dieu, ne faisons rien.
      Restons un bon après midi sans rien fiche du tout.
      Ça ne suffit donc pas d’être avec de bons amis, de jouer à sentir cet invisible courant qui, dans le silence, règle les cœurs à la même cadence, de regarder le jour décroître sur les toits, sur la rivière, ou plus simplement sur le coin du trottoir ?
      J’exagère sans doute.
      C’est que j’aime tant la paresse, mais la vraie paresse, consciente, intégrale, que je voudrais bien lui trouver toutes les bonnes vertus.
      Bien sur elle est comme toutes les bonnes choses, comme le vin, comme l’amour ; il faut la pratiquer avec modération.
      Mais croyez-moi, la terre ne tournerait pas moins rond si ses habitants avaient le courage de se forcer chaque semaine à rester quelques heures bien tranquilles, sans occupation apparente, à guetter les signaux invisibles et puissants que vous adresse le monde vaste et généreux. »


      Je vous embrasse
      •.¸¸.•*`*•.¸¸☆

      Effacer
    3. Célestine,

      Vous êtes incapable de mauvaise foi, sinon pour plaisanter. C'est drôle, car j'ai pensé « aurait-elle employé ce mot pour m'indiquer, fort habilement, mon erreur? ». J'ai vite écarté cette possibilité car me corriger relève de l'utopie, c'est connu!

      Ne rien faire est un art! Je suis malheureusement nul en ce domaine, mais j'en suis conscient et tente de me soigner (rire). Je voulais écrire un billet là-dessus (dans le cadre de ma guérison), le sujet est sans fin, heureusement.

      Merci infiniment pour ce texte de Renoir. C'est bon, juste et pertinent! C'est une musique qui favorise la quiétude, la marque des grands esprits. Je me demande si ces propos ne concerneraient pas les humains, toutes époques confondues.

      Pour me soigner, j'ai lu:

      Éloge de la Lenteur (Honoré)
      L'Art Presque Perdu de ne Rien Faire (Laferrière)
      Un Pied devant l'Autre (Rubinstein)

      Curieusement, ce dernier m'a particulièrement plu. Il touche de près, sans que cela ne soit sa prétention, un mode de vie sans stress. J'ai entendu Carl Honoré à la radio locale l'en dernier, il niait certains de ses propos (non mais, de quoi j'ai l'air moi, son lecteur). Dany se sert du sujet pour en introduire d'autres. Le livre sur la marche est un beau cadeau sous forme d'essai. L'auteur fait réfléchir.

      Autre détail, Cherche le Vent n'est pas un grand roman mais il a su me faire passer des moments heureux. Je redoutais que l'auteur profite de la notoriété de son père pour vendre ses livres mais au contraire, cette oeuvre lui est propre. Je me suis même reconnu dans ce roman de style « road trip ».

      GL

      Effacer
  9. Via notre célèbre Célestine, me voici chez vous…
    Je supose que de bonnes âmes ont su faire le rapprochement entre punaises et SDF...
    Oh punaise ! Que je suis mauvaise langue !…

    Pour être sérieux disons qu'il semblerait que ce soit le tourisme de masse qui favorise la prolifération.
    Je ne sais pas si cela vous consolera, mais elles font leur grand retour en France !
    Les problèmes du commerce international ne sont pas toujours là où l'on croit…

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Bonjour Alain,

      Très heureux de votre visite. La BANQ étant un exemple de démocratie sociale, on n'a pas accusé formellement les SDF, mais disons que c'était dans l'air, tout comme celle de suspecter les nouveaux venus... qu'il s'agisse de touristes ou d'immigrants.

      C'est un problème avec lequel il faut vivre. Il n'y a plus personne qui souhaite acheter des meubles d'occasion s'ils sont recouverts de tissus. Ce n'était pas le cas il y a 15 ans.

      Dans une grande bibliothèque il existe une autre menace: celle d'infester les livres. J'ai lu que certaines grandes bibliothèques américaines avaient fermé leurs portes, du moins temporairement! Au Canada, la bibliothèque municipale d'Ottawa a fait face à une situation extrême.

      Ces institutions doivent être vigilantes et désinfecter régulièrement et méticuleusement le mobilier suspect. La fréquentation de ces lieux pourrait être en péril car si on ne craint pas de façon maladive ces bestioles, on ne souhaite pas non plus en ramener à la maison!

      Savoir que le problème existe aussi en France ne me console guère, néanmoins, cela permet de mesurer l'ampleur du « fléau ».

      GL

      Effacer
  10. Et oui, il y a quelques jours j'ai attrapé des punaises de lit dans un gîte sur le chemin de St Jacques de Compostelle... Une calamité. Ceci dit, j'ai bien rigolé en lisant votre article. Merci d'être passé me voir.

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. St-Jacques-de-Compostelle? C'est déjà assez éprouvant, faut maintenant ajouter les punaises! Vous l'avez mérité votre ciel!

      GL

      Effacer
  11. Une erreur dans ton URL empêche de te trouver convenablement...

    RépondreEffacer
  12. Pourtant, tu es à la bonne adresse!

    GL

    RépondreEffacer
  13. et ben "punaise de bois de lit" .. suprême juron de ma sœur aînée :)

    RépondreEffacer
    Réponses
    1. Ce juron en apparence bien inoffensif, signifie autre chose pour celui ou celle qui lutte contre ces bestioles (rire)!

      Effacer