17 mars 2013

« La tolérance ne s’étend pas à l’intolérance, en revanche, une tolérance illimitée risque de mener à l’intolérance… tout discours sur la tolérance est vain s’il évite de considérer ses limites ».
Ces paroles sont de Raymond Klibansky (1905 – 2005), un philosophe juif allemand. Il s’est battu contre l’imposture nazie et occupé un poste clé au sein des services secrets britanniques lors de la seconde guerre mondiale. Il est ensuite venu s’établir à Montréal. BANQ lui rend hommage, une exposition lui est consacrée.
Les grandes pensées philosophiques, quand elles sont basées sur du solide, peuvent s’exprimer simplement, en peu de mots (ça c’est de moi). Nous ne connaissons pas nos grands auteurs, nos grands personnages et quand nous avons la chance d’en apprendre un peu sur eux, ne serait-ce que leur existence, il faut sauter sur l’occasion. Avec un peu de chance, nous pouvons comprendre l’essentiel de leur message et mémoriser la chose.
Dans le cas de Klibansky, lorsqu’il parle de la tolérance, il nous dit de faire gaffe, de ne pas tout accepter aveuglément. Ainsi, depuis quelques années, sinon depuis toujours, plusieurs voudraient faire fi de ce qui existe pour imposer leurs visions et façons de faire et que nul ne peut les empêcher sous prétexte qu’il s’agirait d’intolérance.
Du coup, il faut éviter de ne pas tout rejeter par crainte d’être trop tolérant. Ainsi, ce qui devrait guider nos comportements en ce domaine, c’est ce pouvoir de discernement nous permettant d’accepter certaines choses sans que nos sentiments et nos « valeurs » ne soient bousculés ou méprisés impunément. Tout accepter sans égard à soi-même c’est dangereux et tout rejeter sans égard aux autres et aux changements sociaux naturels est aussi dangereux.
Tout cela n’est pas facile à mettre en pratique dans une société changeante, dans un monde en perpétuel changement. D’un autre côté, les gens ont presque toujours perçu leur société en train de se transformer, il semble que le changement serait une constante. Voilà qui est intéressant et qui rend la pensée de Klibansky intemporelle.
Grand-Langue

26 commentaires:

  1. Je me demande si on ne confond pas parfois la tolérance et l'indifférence. Laissez le gens faire ce qu'ils veulent, en autant que ça n'a aucun impact sur moi n'est pas à mon avis de la tolérance.

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  2. Les doubles négations ont toujours bloqué mes réflexions comme si elles me demandaient de penser le contraire de ce qu'elles disent.
    Je les tolère ou plutôt j'évite de ne pas les rejeter.
    Amicalement
    Le Papou

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  3. Ce qui devrait guider nos comportements ? Notre naturel. Après seulement nous verrons si nous avons été tolérants ou intolérants, trop tolérants ou trop intolérants... si il y a une leçon à en tirer ou non...
    Prendre le masque de la tolérance ? Les masques ont vocation à tomber...

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  4. Pierre,

    Il n'y a pas grand chose à faire contre l'indifférence. Notez que lorsqu'elle est présente, c'est que l'individu n'est pas touché, donc pas affecté. On ne peut quand même pas se battre contyre ce qui ne nous concerne pas!


    Papou,

    Doubles négations? est-ce mauvais de remettre en question certaines réactions? Tant qu'on ne se remet pas en question soi-même...


    Cristrophe,

    Être naturel, cela me plait.


    Grand-Langue

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  5. Honte à moi, je ne connaissais pas du tout ce philosophe mais sa pensée est également mienne.
    Nombreuses sont les situations parfois dramatiques ou en tout cas fortement problématiques qui illustrent les méfaits d'une tolérance qui n'a pas pris le temps de s'interroger sur les valeurs véhiculées et les conséquences à terme de l'acceptation de certains comportements ou pensées.
    Bien souvent, il me semble que certaines choses tolérées le sont par manque de perspective et/ou de flou par rapport à ses propres valeurs et idéaux ou "croyances".

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  6. Mia,

    Et de plus, on craint de se faire taxer d'intolérance. Peut-être oublie-t-on qui on est, quelles sont les facettes de notre vie collective auxquelles on tient vraiment.

    Grand-Langue

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  7. Je tourne et retourne cette phrase dans ma tête...
    J'aime la tolérance... Je ne sais pas si elle se confond avec l'indifférence... Je suis tolérante avec ceux qui vivent comme ils veulent sans faire de mal à personne.
    Je suis intolérance avec ceux qui vivent comme ils veulent en martyrisant les autres (je pense à certaines photos de la guerre en Irak) à l'intolérance face au différences...
    Je suis intolérante avec les intolérants qui ne tolèrent rien qui soient différents d'eux... Avec ceux qui pensent qu'il n'y a qu'une façon de marcher...
    Je suis tolérante avec ceux qui n'imposent rien aux autres...
    Comme c'est compliqué tout ça...
    Pourquoi la tolérance devrait être un masque? Je ne comprends pas...Ou alors il peut y avoir un masque pour tout... ou pour rien...

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  8. Mahie,

    Votre réflexion est inspirante, elle répond à bien des questions posées!

    Grand-Langue

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  9. Une pensée sage... Je verrais bien qu'on discute de ça dans les cours de philo! J'aimerais savoir ce que les jeunes pensent de ce concept de tolérance/intolérance. Et j'aimerais tellement animer ce genre de discussion dans un cégep ou une université pour comprendre où va la tendance...

    J'ai votre âge et j'ai vu des extrêmes en ce domaine, ça m'a rendue peut-être plus... tolérante? Pas trop loin de l'indifférence en tout cas, je dirais plus que j'ai lâché prise. Que bien souvent, le monde me désespère. En groupe. Parce qu'un par un, je trouve toujours les êtres humains aussi fascinants. Et qu'à mesure que je deviens sensibilisée à une cause, donc plus tolérante, je me rends compte des limites infinies de l'intolérance en cette matière et que je perds chaque fois beaucoup d'illusions. Je vais finir par être moins naïve un jour quand je vais être grande!

    Je ne peux faire autrement que de vous rappeler que notre amie Zed n'aimait pas ce mot « tolérance », parce qu'il référait à ce qu'on tolère, à ce qu'on endure même si on n'accepte pas vraiment l'idée ou la réalité qui se cachent dessus dessous devant derrière.

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    1. Exact ma chère Zoreilles. Je mentionnais le livre de Lise Noël, intitulé L'intolérance, à ce sujet. ;)

      Zed

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  10. Zoreilles,

    J'imagine la chose comme un espace entre deux ravins, on s'approche dangereusement d'un côté à l'autre pour réaliser que l'espace central est assez vaste pour tout le monde, certains à gauche, d'autres à droite sans oublier ceux qui se baladent un peu partout ou nulle part.

    Le verbe "tolérer" n'est peut-être pas plus proche du verbe "endurer" que ne l'est le verbe "accepter". Dans l'acceptation il y a quelque chose de convivial pouvant mener à la découverte, à l'enrichissement. Cela vaut pour tous, autrement ça ne fonctionne pas. On ne peut rien imposer unilatéralement, surtout pas une vision idéaliste.

    Nous vivons dans une mouvance perpétuelle, faut savoir se tenir debout mais aussi s'adapter. Tout ça, c'est de la théorie.

    Grand-Langue

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    1. J'avais d'ailleurs laissé un commentaire, mais j,ai peut-être oublié quelque chose car je venais voir où on en était et pouf il n'est pas là. Bien mon genre d'oublier de cliquer....

      Zed

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  11. Je suis curieuse de lire des publications de Raymond Klibansky. Il semble que les réflexions de ce philosophe ont surtout porté sur la tolérance et la liberté, ce qui n’est pas surprenant pour un juif allemand.
    Par contre, la première phrase que vous citez ne me paraît pas si simple à prime abord.
    Dans le langage courant on emploi souvent le verbe tolérer dans le sens d’accepter à contrecœur, d’endurer parce qu’on ne peut faire autrement.
    Mais je vois la tolérance davantage comme une ouverture d’esprit à la liberté de conscience, ce qui n’implique pas, à mon avis, une acceptation de faits ou de comportements qui vont à l’encontre de nos valeurs. (exemple : je serais intolérante face à des comportements violents pour régler un conflit).
    Pour ce qui est de la tolérance versus l’indifférence, il me semble que l’indifférence a une connotation plutôt passive contrairement à la tolérance qui implique une réflexion, un engagement social pour défendre la liberté de penser et d’agir.

    Mais tout ça n’est pas simple, tant dans l'abstrait que dans le concret. Si ça l’était, la terre serait un jardin d’éden. Mais on est confronté dans le quotidien à des situations complexes.

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  12. Caboche,

    Super intéressant! En vous lisant je me demandais si le mot "tolérance" ne se voulait pas la contrepartie de l'intolérance, sans plus.

    En ce qui concerne l'exposition sur Kiblansky à la BANQ, c'est surtout de sa bibliothèque dont il s'agit. Elle constituerait un réel trésor légué à l'université McGill. Les grands philosophes modernes considéraient l'homme comme l'un des leurs.

    Je n'y suis pas resté bien longtemps mais suffisamment pour réaliser que je connais peu de choses sur les grands personnages qui ne sont pas des vedettes.

    Au sujet de la tolérance, j'ai assisté à deux conférences de monsieur Teboul, fondateur du site Tolérance (http://www.tolerance.ca/), l'homem est fort intéressant. Il reprochait justement aux québécois de confondre tolérance et soumission. Il répétait que nous sommes "trop tolérants" sur plusieurs sujets, dont celui de l'identité. Évidemment, il faisait de l'ironie, on ne peut pas être trop tolérant, il faut employer un autre mot!

    Grand-Langue

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  13. "Klibansky", scuzez l'ereur! Appelons-le Raymond!

    Grand-Langue

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  14. bonjour je suis les deux à la fois
    tolérante pour tout ceux qui ne mettent pas la vie des autres en danger avec leurs idéaux ou leur croyance.
    intolérante, voir méchante pour tout ce qui touche à la dignité humaine et aux femmes en particulier.
    attention aux mots tolérance, intolérance, différence, indifférence tout se confond et brouille dans nos réflexions.
    bonne fin de journée
    alixe

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  15. Alixe,

    Vous avez raison, il ne faut pas tout confondre, reste qu'il faut s'entendre sur la signification des mots. Peut-être devrions-nous écouter ce que l'on ressent, le gros bon sens vient peut-être d'une réflexion à froid mais aussi de nos tripes, faut savoir ce qui nous fait sentir bien ou mal.

    Grand-Langue

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  16. Bonjour,

    Le dictionnaire Larrousse donne 4 définitions générales au mot tolérance:
    Attitude de quelqu'un qui admet chez les autres des manières de penser et de vivre différentes des siennes propres
    Latitude laissée à quelqu'un d'aller dans certains cas contre une loi ou un règlement
    Attitude de quelqu'un qui fait preuve d'indulgence à l'égard de ceux à qui il a affaire
    Aptitude de quelqu'un à supporter les effets d'un agent extérieur, en particulier agressif ou nuisible.

    Ce mot est donc tout en nuances, tantôt acceptation passive, tantôt ouverture d'esprit, tantôt condescendant. Je comprends la parole de Raymond Kilbansky comme l'affirmation d'une ouverture d'esprit active, c'est à dire accepter la différence sans pour autant renier ses propres valeurs. Ce qui suppose effectivement d'utiliser notre discernement à chaque instant.
    Je ne connaissais pas ce philosophe jusqu'à présent, cet article a aiguillé ma curiosité, sa pensée est profonde et exprimée simplement.

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  17. ATM.

    Au sujet du choc des cultures par exemple...

    Un nouvel arrivant m'a déjà dit:

    Je ne veux pas qu'on me tolère, je voudrais qu'on m'accepte, qu'on m'accueille et moi, je n'ai pas à m'imposer, je dois m'intégrer sans abandonner tout mon bagage. À entendre les autres, on dirait que c'est impossible!

    Grand-Langue

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  18. C'est un sujet délicat en effet. Je me souviens d'avoir écrit un truc l'an dernier à ce propos. Pour illustrer mon billet, j'avais choisi une image anglaise qui disait: "intolerance will not be tolerated". Je trouvais que ça en disait long sur la difficulté de s'entendre sur son acception.

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  19. Mammouth,

    En effet, cette phrase en dit long.

    Grand-Langue

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  20. Les mots "tolérance" et "limites" semblent antinomiques, mais il est bon aussi d'installer quelques garde -fous à la tolérance, pour justement ne point tomber dans l'intolérance!

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  21. Henri Desterbecq24 mars 2013 à 15 h 51

    On peut être tolérant à condition de rester lucide. Accepter ceux venus d'ailleurs, mais ne pas se laisser assimiler à leur culture. Ce que les intégristes voudraient, plutôt que d'acccepter notre mode de vie. En Belgique et en France on est trop libéral. Les immigrés voudraient changer nos lois selon leur conception. Amitiés. dinosaure80.

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  22. Fred, Henri,

    Nous savons ce qui se passe en Europe et la même chose se dessine de ce côté-ci de l'Océan. Nous n'avons aucune excuse de faire la même erreur... mais nous la ferons.

    Nanmoins, la tolérance touche tous les domaines de la Vie. Cette tolérance est constamment testée, d'abord par nos enfants, nos collègues au travail...etc.

    Aujourd'hui même, je viens de regarder le bulletin de nouvelles et la manifestation violente à Paris au sujet du mariage gai. C'est déroutant.

    Grand-Langue

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  23. Belles fêtes de Pâques, signes aussi de Tolérance et d'espoir!

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  24. je viens tout simplement vous dire bonjour
    alixe

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