3 novembre 2012

Ça m'apprendra!

Un
Un homme a déjà affirmé que les vacances nuisent au travail et qu’en conséquence, il cesserait de travailler,  pour éviter les vacances. C’est peut-être ce que je devrais faire.

Plus tôt dans l’année, à l’été, tout se passait bien. Puis les vacances sont arrivées, cela a tout bouleversé. Je me suis expatrié, pendant quelques semaines. Un beau matin, loin d’ici, mon hôte m’apprend qu’il y a eu élection au Québec et qu’un hurluberlu en pyjama a abattu un technicien. Étrange pays que le Québec. Je n’ai rien compris à cette affaire sinon que Charest ferait ses valises, que Marois retomberait sur Terre, que la CAQ avait fendu l’air et que les Libéraux avaient presque repris le pouvoir! Étrangement, je ne me sentais pas concerné. J’étais ailleurs d’esprit. Physiquement, grâce aux gadgets électroniques, on n’est jamais loin.

On m’apprend ensuite que mon (ma) toubib a rendu l’âme. C’est embêtant, je l’aimais bien. Qui me soignera maintenant? Je l’ignore. Y’a des choses curieuses qui surviennent, des aberrations. Le médecin qui nous soigne n’est pas censé mourir. Il y a contradiction, une erreur naturelle. Il y a quelques années, j’ai voulu jeter ma poubelle aux rebuts. Jeter une poubelle n’est pas simple. L’éboueur ne met pas de poubelles dans sa benne, seulement son contenu. Après quelques vaines tentatives, j’ai adopté un plan par étapes. J’ai jeté le couvercle en plastique de ma poubelle au recyclage. Devinez quoi, le recycleur a pris le contenu du bac de recyclage, mais a laissé le couvercle sur ma pelouse. J’ai finalement découpé le couvercle et la poubelle en petits morceaux et déposé le tout dans le fond de ma nouvelle poubelle! Ce faisant, j’ai déjoué l’ordre normal des choses. Si un éboueur n’accepte pas qu’on jette une poubelle aux rebuts, comment se fait-il que le Maitre du Monde puisse accepter qu’une soignante meure? Sale affaire, le Grand Manitou est un imposteur. Notez bien, je ne compare mon ex-médecin à une poubelle, j’attaque les supposées lois naturelles.

Je saute quelques paragraphes et je reviens à la maison. Il y a eu de forts vents, j’ai des tas de choses à réparer, mais il pleut. Je bosse de nombreuses heures au bureau et quand j’arrive chez moi il pleut et la noirceur prévaut, il pleut aussi les weekends. Toujours est-il que je suis encore en train de tailler ma très longue haie de cèdres et d'effectuer d'autres tâches extérieures. Je n’ai même pas (ou à peu près pas) enfourché ma nouvelle bécane.

Débordé de travail, je suis découragé. Puisque personne ne m’offre d’enveloppes brunes, que j’accepterais, j’ai pensé acheter un billet de loterie. Je n’ai jamais souhaité devenir riche. J’ai entendu au journal télévisé que l’argent facilement obtenu constitue un « cadeau empoisonné ». Je suis d’accord avec ça. J’ai de la difficulté à administrer un simple salaire, que faire d’un gros montant? Conscient des malheurs qu’entraine l’argent, je ne pourrais pas le donner non plus puisque je ne veux pas le malheur des autres. Par contre, sans dépenser et sans donner ce fric, je pourrais rester à la maison et tailler ma haie. Avouez que je ne sombre pas dans la démesure ou la cupidité.

Je vous ferai grâce des inconvénients de ne pas avoir de hockey à la télévision le samedi soir ou de défilés au son des casseroles, de savoir qu’une partie de nos taxes vont à la communauté italienne de Montréal et à de sympathiques fonctionnaires, que le prix des travaux publics sont gonflés, que le Pont-Tunnel est fermé, qu’après mure réflexion, le gouvernement québécois me considère « riche » et que je paierai la fameuse taxe médicale… Ça m’apprendra de m’éloigner trop longtemps!

Finalement, les vacances c’est comme l’argent : faut pas en avoir trop, ça cause des soucis. Tout allait bien cet été!

Grand-Langue

21 commentaires:

  1. Je n'ai jamais eu de poubelle (le contenant) à jeter, je ne me rendais pas compte de ce que ça pouvait engendrer comme situation. Merci pour ma prise de conscience ! d:-)

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  2. Il y a des situations étranges. Par exemple: assister aux funérailles de son garde du corps ou de son... médecin.

    Aux funérailles de mon père (qui était dans l'assurance-vie), une cliente du paternel m'a dit: il s'occupait si bien de mon assurance vie!

    Grand-Langue

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  3. Citation connue de Earl Joseph Wilson : « Les vacances c'est la période qui permet aux employés de se souvenir que les affaires peuvent continuer sans eux. » Ou encore une des célèbres phrases de Georges Clemenceau « Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés. » Y'a pas à dire, vous partez quelques mois et la machine continue à tourner... Elle chemine parfois de façon cahotique mais au bout du compte elle poursuit sa route quand même sans vous. C'est le cas pour les joies et les problèmes, les vacances et le travail, la vie et la mort. Le cycle continue...

    Je croyais regretter un ancien boulot et en ce moment, j'ai une formidable équipe et je me sens bien. Je ne pensais jamais me remettre du décès de ma soeur et ma mère ; voilà que je jouis d'une vie heureuse avec ma famille. Les bons coups comme les mauvais passent, s'oublient, parfois se remémorent et ensuite, nous en créons de nouveaux. Ainsi va la vie. Aussi plate que notre conscience veut bien l'admettre, la vie est remplie de paradoxes tout aussi absurdes, inquiétants qu'impressionnants. J'adhère aisément à la maxime de Antoine Lavoisier qui dit : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

    Excellent billet Grand-Langue, j'aime beaucoup votre analyse de la réalité.
    Bonne semaine et surtout, bon retour de vacances! ;)

    Carina

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  4. Bonjour Carina,

    Il y a des moments où l'on décroche et on se demande ce qui pourrait nous remettre sur rails. Réponse: La Vie elle même, sans même qu'on s'en rende compte.

    Vous avez parfaitement raison!

    Grand-Langue

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  5. C'est de ce genre de billet qu'on s'ennuie quand vous n'êtes pas là! Il y a des gens qui sont vraiment irremplaçables quoiqu'en dise le vieil adage... Oui, je le sais, la terre continue de tourner quand même!

    Votre toubib qui meurt... C'est vrai que ça force la réflexion.

    Je me demande si partir au loin, en vacances ou autrement, ne nous fait pas voir plus clair par rapport à bien des choses. Vous savez, quand on n'a plus nos repères?

    En tout cas, j'ai beaucoup de plaisir à retrouver vos écrits et vos réflexions, vous me manquiez!

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  6. Quand on prend une pause d'écriture, on peut tout de même lire. Ainsi, je vous lisais, de n'importe où, en toutes circonstances. Je ne traine pas de gadgets électroniques mais ma conjointe si.

    Voit-on les choses de façon plus claire quand on sort de la routine, surtout celle du travail? Je le crois aussi. Nous distingons mieux le vrai du superflu et parfois, retourner au boulot ne fait aucun sens. Il faut manger, payer nos comptes. C'est notre mode de vie qui ne fait pas de sens.

    Je suis tout aussi heureux de vous retrouver car écrire c'est aussi échanger.

    Grand-Langue

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  7. Et que fera-t-on quand le croque-mort décèdera à son tour ?

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  8. C'est pas moi qui croquerai ses doigts, ça c'est certain!

    Grand-Langue

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  9. Vous écrivez « et parfois, retourner au boulot ne fait aucun sens. Il faut manger, payer nos comptes. C'est notre mode de vie qui ne fait pas de sens.»

    Si vous lisiez tout de même quelques billets en votre absence, vous savez peut-être que je ferme mon entreprise à la fin de l'année? Si je n'étais pas travailleuse autonome, on appellerait ça une retraite! Pour moi aussi, travailler ne faisait plus aucun sens et pourtant, je ne m'étais pas absentée de mon travail plus qu'une semaine, à la fin juin... Un petit voyage au pays de tous les miens m'avait permis de voir tellement plus clair...

    Nous sommes des cépages de la cuvée 1957 mais j'accumule déjà 40 ans sur le marché du travail, ça use la motivation et le sens qu'on donne à cette partie de notre vie, de notre utilité dans la société! Et lorsqu'on ne trouve plus de sens à ce qu'on fait, il devient dangereux pour la santé de persister, envers et contre tout. Malgré tout. J'ai réagi en posant des gestes, pas impulsivement, non, mais avec l'approche de réduction des méfaits...

    Histoire à suivre!

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  10. Zoreilles,

    Désolé, je n'avais pas lu ça! Vous me laissez sur ma faim! On ne peut pas se retirer comme ça, et ne rien faire (lire travailler). Vous ne pouvez tout de même pas faire ça à notre économie, moi considère la retraite comme un acte de terrorisme. Je suis certain que vous avez un plan B. Vous ferez certainement du bénévolat, le bénévolat constitue tout un npan de notre économie, c'est indispensable, vous resterez certainement ouverte à diverses propositions, vous ne ferez quand même pas RIEN! Ça se serait le boutt du boutt! Aucun danger, pour réussir à ne rien faire il faut plusieurs années d'entrainement, peu réussissent, beaucoup de candidats, peu d'élus.

    À suivre...

    Grand-Langue

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  11. Très amusante cette anecdote de poubelle au poubelle. J'en ai d'ailleurs une à jeter au poubelle, et après cette lecture, je crois comprendre que mon cerveau a compris avant moi que l'entreprise sera complexe.

    C'est vrai, celui qui guérit qui meurt, ça va pas dans le bon sens du poil.

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  12. Venise,

    ... et j'ignore ce qui se passe avec mon dossier médical! Faudrait que je m'en occupe.

    Des poubelles, nous pourrions en parler longtemps. Feu mon père était obsédé par les poubelles, un peu à l'image de Ti-Mé, tout le monde a des anecdotes à raconter là-dessus.

    J'ai même eu un gendre qui travaillait là où les 'camoins de vidanges" déversent leur contenu. Passionnant!

    Grand-Langue

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  13. Quand le médecin de mon père (appelons-le le Dr Gosselin) est décédé, ils l'ont jumelé à un autre médecin de la clinique (la Dre Chose) qui lui a dit :

    - Si jamais vous êtes hospitalisé et qu'on vous demande qui est votre médecin de famille, vous répondez que c'est le Dr Gosselin.
    - Mais il est mort!
    - Je sais, mais ne parlez pas de moi. Votre médecin de famille est le Dr Gosselin.
    - Comment un mort peut-il être mon médecin?
    - Oui oui, faites comme je vous dis. Je ne suis pas votre médecin de famille.
    - Vous êtes mon médecin de famille à la clinique, mais à l'hôpital mon médecin de famille est un mort.

    Mon père est décédé lui aussi. Voyez ce que ça fait que d'être soigné par un mort? Mais non, le médecin de la clinique l'a soigné, vous pensez bien.

    En tous cas, c'est drôle ça, j'ai eu le même problème de poubelles il y a quelques années. Pas simple de mettre ses poubelles aux poubelles!



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  14. Ça soulage d'apprendre que je ne suis pas le seul à avoir eu des difficultés à jeter ma poubelle! De plus, grâce à votre père, vous comprenez mon désaroi face à ce vide qu'engendre la disparition de mon médecin, un médecin de 54 ans...

    Grand-Langue

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  15. Heureusement que vous avez pris des vacances au loin. Imaginez toutes ces histoires d’hurluberlu en pyjama, de concerts de casseroles, d’enveloppes brunes et de ponts fermés, s’il avait fallu que vous les viviez en temps réel? Fatigué, épuisé par le travail, vous n’auriez pu le supporter, d’autant que vous n’aviez pu de médecin de famille pour veiller sur votre santé.
    Je vous remercie d’avoir raconté vos déboires avec les éboueurs, je me sens moins seule maintenant avec mes problèmes de poubelles. Des histoires de résidus verts, de sacs orange et de feuilles mortes m’ont occupée toute la semaine. J’ai justement raconté cette histoire aujourd’hui. Si vous réussissez à couper votre haie de cèdres, réfléchissez bien à savoir comment vous disposerez des résidus.

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  16. Je peux confirmer que ce n'est pas facile de jeter une poubelle - suis en train de le faire depuis un sacré bout de temps déjà. C'est qu'elle est grande! Pas facile à découper, non plus. Mais ça avance!

    Mais j'y pense, il faut que j'appelle mon médecin pour savoir s'il est encore en vie...

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  17. Caboche,

    Ça, les casseroles, j'ai eu la chance de les voir de près (rire). Cenpendant, je n'ai vu aucune enveloppe brune! Quant aux ponts, je ne les traverse pas de jour, je suis chanceux de ce côté là et ma haie de cèdres est finalement taillée. Presque prêt pour l'hiver.

    HPY,

    J'espère que vous n'aviez pas la même (médecin) que moi! Avant les vacances, on avait échangé et quelques semaines plus tard, on m'informe par courriel qu'elle n'est plus. C'est embêtant. Cette femme arrivait parfois sans avertir, elle est partie de la même façon.

    Grand-Langue

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  18. "Je ne peux pas réparer mon toit, il pleut."
    C'est dans le ton, ce n'est pas le monde qui marche à l'envers, c'est l'ordre des choses :-)
    s.h.

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  19. Bien vrai, c'est l'ordre des choses qu'il faut revoir!

    Grand-Langue

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  20. Jolie synthèse sur des sujets divers. Vus et commentés de façon décalée. Si tu gagnes à la loterie, tu peux faire tailler ta haie et prendre des vacances. Moi, ça fait plus de 20 ans que je suis en vacances et pas fatigué de l'être. Amitiés. dinosaure80.

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  21. henri,

    Ça fait 20 ans que vous êtes en vacance? Avez-vous gagné la loterie? Parait qu'on a plus de chance d'être frappé par la foudre que de gagner le gros lot. Je parle du gros lot bien sûr parce que les petits lots, c'est pas pour nous!

    Grand-Langue

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