21 mai 2012

Sacré Restif!

Restif de la Bretonne. Il s’agit d’un obscur écrivain qui observait ce qui se passait à Paris, la nuit, pour ensuite faire rapport à quelques bourgeois et bourgeoises. Ce que j’ai lu de lui m’a fort impressionné. Nos journaleux auraient avantage à le lire pour réaliser ce qu’est une description. L’écrivain était aussi imprimeur, il frayait avec la petite noblesse, avec la bourgeoisie, avec certains intellectuels.

Dans un chapitre il décrivait ce qui se passait dès que le soleil se couchait lors de la révolution française,  décrivant dans le détail la prise de la Bastille, les événements de la Salpetrière, les décapitations, etc. Il stipulait que la presque totalité des méfaits ou actes brutaux étaient le fait de voyous, et non pas des révolutionnaires.  Il répète cela à maintes reprises, spécifiant à ses mécènes que la révolte était fomentée par quelques individus, qu’une partie de la population adhéraient à leurs idées sans se poser de questions, marchant, un pas derrière, et que ceux qui faisaient le saccage et le sale boulot étaient des voyous. Il comparait les voyous à des mercenaires qui n’exigeaient aucune somme d’argent pour agir et que leur rôle, sans qu’ils ne le sachent, était indispensable.

Je fais un parallèle avec ce qui se passe à Montréal. C’est devenu une fête, un gros party. On vient de plus loin pour participer aux manifestations! Assister aux marches c’est plutôt ennuyant, à moins de s’alimenter des commentaires émis ou que l’on veuille faire un peu d’exercice, ce qui constitue un bon prétexte à mes yeux. Avec un peu de chance on peut se retrouver à un endroit où il y a de l’action. Alors là, l’adrénaline monte de façon spectaculaire, on affronte les policiers qui incarnent les méchants et avec un peu de chance on s’en sort avec de fortes émotions.  On peut leur lancer de vraies pierres et recevoir de vrais coups! C’est gratos!

Les étudiants sont assez intelligents pour savoir qu’il vaut mieux ne pas traîner un dossier judiciaire, cela empêche d’entrer aux USA, de bosser dans plusieurs pays européens… etc. Ils doivent faire gaffe. Par contre, les voyous eux, se foutent de cela et une nuit en prison c’est une opportunité pour revoir de vieux copains. Je ne m’étonne pas que des casseurs s’insèrent dans les manifestations, il s’agit d’un phénomène naturel et voulu. Ils sont à la solde des organisateurs, sans le savoir. Il y a aussi les badins (dont je suis), ceux qui sont attirés par l’expérience, les anarchistes de toutes les époques et de toutes les causes, les membres de « l’artistocratie », ces artistes accrochés aux mamelles gouvernementales qui souhaitent augmenter leur capital de sympathie et bientôt se joindront à eux quelques étudiants d’autres provinces et des USA qui sauront profiter des distractions estivales, il y a même quelques étudiants. Bref, vu du balcon, ces manifestations  ressemblent à de longs défilés. Qui sait, on ajoutera peut-être une carte postale à Montréal!

J’entends déjà de gros mots comme « armée, émeute, révolution… etc ».  C’est de la musique aux oreilles des uns qui souhaitent l’anarchie et à celles des autres qui cherchent un prétexte pour se faire réélire. Il y a quelques mois Charest n’avait AUCUNE chance d’être réélu. Voilà qu’il peut maintenant envisager la possibilité… Je ne peux imaginer la réélection de Charest. Je pense à la commission d’enquête sur la corruption, aux gaz de schisme, et surtout au Plan Nord.  Ces manifestations festives et divertissantes n’empêchent-elles pas de nous concentrer sur ces enjeux majeurs et fondamentaux ou feront-elles tomber le gouvernement Libéral?

En même temps on ne peut céder à la violence. Quel fouillis! Quelles actions malhabiles!

Grand-Langue

37 commentaires:

  1. J'ai juste lu récemment, une manifestation d'étudiants en petite tenue à Montréal.

    Je dois avouer que ce qui m'a le plus interloqué, est de ne pas avoir vu plus de développement sur ce qu'il se passe chez vous en ce moment. Je ne regarde pas la télévision, ayant un léger eczéma à l'idée d'assister au sordide banalisé sans analyse de fond.

    Pourrais-tu m'indiquer quelques liens de sites fiables qui pourraient informer un Français ignorant de l'actualité canadienne ?

    Je te cite : "On peut leur lancer de vraies pierres et recevoir de vrais coups! C’est gratos!"
    Cette description m'a bien fait rire :-)

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  2. Heureusement qu'il y a des gens comme toi, qui ne sont pas dupes. Mais malheureusement, il n'y en a pas encore assez; il en faudrait beaucoup, beaucoup plus!

    C'est sûr que Charest compte sur cette crise pour se faire du capital de sympathie. Mais que ce dernier soit réélu ou pas, ne change rien au fait que ce n'est pas le premier ministre qui a les deux mains sur le volant, il n'est qu'une marionnette comme tous les autres chefs d'état.

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  3. Personne,

    Qu'est-ce qui se passe au Canada?

    Ce qui se passe d'important au Canada? La venue du Prince Charles et de sa concubine bien sûr. Charles est celui qui a de grandes oreilles et celle avec les grandes dents c'est la concubine, elle s'occupait des chevaux autrefois. Je crois qu'ils viennent souligner tout ce que la Reine a fait pour nous lors de son règne. Au Canada anglais on trouve cela très touchant.

    Quant à nous au Québec, nous venons de créer une nouvelle tradition. À chaque soir une manifestation est organisée sauf qu'on ignore qui sont les organisateurs et quelle route emprunteront les manifestants. C'est comme un gros "nowhere" piétonnier. Certains soirs, on parade en petite tenue, d'autres soir on se ballade avec son cocktail Molotov. Ça se termine en bagarre la plupart du temps. C'est comme jouer au paint ball pour vrai! Les touristes adorent ça!

    Je ne suis pas sûr mais je crois qu'à l'origine les étudiants universitaires contestaient une hausse des frais, quelque chose comme 200 euros par année. La négociation a mal tournée et nous n'en sommes plus là. Maintenant c'est la révolution.

    Les casseurs viennent faire la fête à toutes les nuits, il y en a qui veulent faire tomber le gouvernement, d'autres s'attaquent au capitalisme. Il y a plusieurs autres groupes qui revendiquent des choses mais je ne les connais pas tous. Je me souviens avoir vu des gens en rose, ils s'appelaient le "Pink Block" ou le "Pink Power". Pendant que les "carrés rouge" (les étudiants) s'époumonnaient en discours, eux organisaient un marathon de "french kiss" afin de protester contre un gouvernement qui parait-il serait anti-homosexuels. La fille qui m'a expliqué la chose voulait "me frencher" mais je n'aimais pas sa moustache, j'ai passé mon tour. Vous êtes mêlés? Moi aussi. C'est tout et n'importe quoi. Une chatte y perdrait ses chatons.

    Toujours est-il que le temps lui, ne s'arrête pas. Ainsi, pour plusieurs étudiants, la session du printemps est reportée à l'automne. Comme les étudiants ne savent plus quoi faire de leur corps, ils marchent la nuit, à contre-sens de la circulation, de façon quotidienne. Il n'y a pas encore eu de morts mais ça ne saurait tarder. Une révolution sans morts, ça ne serait pas sérieux.

    J'oubliais, le gouvernement a promulgué une loi interdisant les manifestations non planifiées. Les étudiants contestent cette loi. Perosnne n'est étonné.

    Comme ces groupes veulent prendre de l'expansion, ils tenteront de fusionner leurs prestations à celles des nombreux festivals qu'il y a à Montréal: Juste pour Rire, Francofolies, Nuits d'Afrique, Festival de Jazz... etc.

    Voilà où nous en sommes. Si vous n'aviez rien prévu pour vos vacances, je dirai simplement que le spectacle est bien meilleur ici qu'à Dysney World! Non mais... on vend sa ville comme on peut!


    Réjean,

    Je ne suis pas dupe et sachez qu'il n'y a pas que Charest qu'il faut surveiller. Le PM répond à des impératifs économiques et politiques, ses adversaires ne sont pas plus propres. C'est la vie, que des tons de gris.


    Grand-Langue

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  4. Ca m'épate... j'ai l'impression que la presse française ne s'attarde pas trop sur ces événements. A moins que je ne cherche pas assez. Je vais suivre ça d'un peu plus près.

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  5. Zed,

    Je me doutais bien que le carré rouge y était pour quelque chose. Enfin, avec un peu de chance je verrai votre visage aux nouvelles, à moins que Zed soit masquée! Ça serait ben le boutt! Zed qui reproche aux musulmanes de ne pas se montrer!

    Enfin, vous nous en direz plus quand vous aurez le temps, quand vous serez en prison (rire). Je sais, ma blague est platte, elle est du style Charest!

    Grand-Langue

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  6. Je suis de près tout ce qui touche le Plan Nord, et chez nous au Nord, les gens ne sont pas dupes.Plusieurs groupes se forment pour dénoncer ce qui se passe. Tous les intervenants et créateurs du Plan Nord ont de plus en plus de difficultés à faire avancer leur plan diabolique. Ils n'auront nos ressources naturelles sans en payer le prix. Il en va de l'avenir de nos petit-enfants et des générations futurs.
    Loin de moi, l'idée que Charest pourra se faire réélir avec le réveil de nos étudiants et du citoyen en général.

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    1. Je suis très très heureuse de lire ça.
      De lire que par chez vous ça bouge.
      On n'entend pas ces choses là par chez nous, dans la grande région de Montréal.
      Je pense qu'il est temps qu'on se parle tous.
      Qu'on se rassemble.
      Pour faire bouger les choses.
      Il faut trouver une façon de fabriquer cette société que l'on souhaite.
      L'arracher des mains des banquiers et des faiseurs d'argent afin de la rendre plus humaine, tout en étant viable.
      Votre commentaire me galvanise!

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    2. Et ton commentaire chez Zoreilles aurait pu sortir de ma bouche. OUI.

      Zed

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  7. Factotum,

    Dans mes rêves, c'est nous qui transformons nos matières premières au lieu de simplement les exporter!

    Grand-Langue

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  8. C'est un cauchemar de penser,juste de penser,que Charest pourrait être réélu. Je refuse de croire à ça. Tout le Québec est à l'envers. J'écoute le monde autour de moi puis yen a encore qui croit que Charest est en plein contrôle...Heille les malades. C'est pas moi qui vais baisser les bras. Une chance qu'il y a des commentaires comme celui de Factorum qui me redonne un boost. Il faut garder en tête que l'avenir de nos enfants et petits enfants est primordial. Il faut leur laisser de l'espoir en des jours meilleurs et continuer à travailler fort pour eux. On se fait brasser la cage par nos jeunes et j'en suis très fière! bonne journée.

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  9. Ah quel délice! Non seulement votre billet mais votre réponse à Personne. Du bonbon!

    En ce qui me concerne, citoyenne du Québec très proche du Nord et de ses ressources, en fait, les deux pieds dedans, très enracinée, je ne vois pas d'autre dénouement que des élections et ça presse, pas nécessairement à cause de la hausse des frais de scolarité mais pour l'ensemble de l'oeuvre. Même en plein été s'il le faut, on ira voter en culottes courtes et là, les jeunes vont se mobiliser et atteindront plus que les 35 % à 40 % de participation habituelle.

    Ce gouvernement gagne des points à mesure que la crise se déploie? Vous croyez? Ah ben là, je suis découragée, j'ose même pas vous croire. Vous faisiez de l'ironie, n'est-ce pas?

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  10. Étoile,

    Charest réélu? Ce n'est pas une prédiction. N'empêche que ce matin on le positionnait à égalité avec Marois. Marois c'est cette femme qui était d'accord avec l'augmentation des frais de scolarité, avant que les étudiants ne se rebiffent. Depuis, elle a revu sa position, à maintes reprises!

    Pour les élections, soyez sans crainte, je suis incapable de prédire quoi que ce soit (sauf la réélection de Harper)! Faut quand même admettre qu'avant cette histoire (loufoque) de frais scolaires, les Libéraux étaient à 20%, ils seraient maintenant à 32%! Charest doit être le premier étonné.

    Il y a plusieurs années j'ai lu un "best seller" intitulé Shogun. Ça traitait des techniques de guerre japonnaises. Je me suis souvenu d'une chose, rien n'est jamais gagné ou perdu, il faut simplement compter sur le temps. Un événement survient toujours et un grand tacticien sait tirer profit de n'importe quel événement.

    Charest n'est pas votre idôle. Détachons-nous de nos sentiments et de l'actualité. Admettons qu'il s'agit d'un vieux loup assez habile. Peut-être s'entendra-t-il avec les étudiants pour ensuite déclencher des élections tout en rappelant la position originale de Marois et en faisant craindre le pire face à un Québec séparatiss tout en se moquant de son adversaire qui a promis de faire table rase de toute entente avec les étudiants et de recommencer à zéro après une consultation nationale! Ou encore, peut-être ne s'entendra-t-il pas avec les étudiants et déclenchera des élections sur ce sujet.

    Il y a aussi les scénarios qu'on n'imagine pas! J'en parlais ci-haut, qu'adviendrait-il de l'opinion publique si lors d'une manifestation il y avait des morts? Des policiers morts, des étudiants morts ou de simples citoyens morts? Les scénarios sont innombrables.



    Zoreilles,

    Quand vous parlez du Nord, vous me touchez! C'est un sujet de fond. Cette détermination de protéger le Nord doit être plus importante que l'espoir de changer de gouvernement. Au total, je me demande si on ne sest pas fait avoir d'avantage par des gouvernements que nous voulions "sympathiques" que par des gouvernements dont on se méfiait. Nous avons souvent baissé la garde et cela nous a coûté cher!

    Aucun des partis ne m'inspire. Aucun chef ne m'impressionne et que dire de leur équipe? Si les sondages n'avaient pas tourné en faveur de Marois, je pense qu'il n'y aurait plus aucun membre dans ce parti. Legault a une certaine crédibilité mais il n'y a personne dans son équipe et son entourage de droite le perdra. Khadir est un bouffon, un bouffon heureux et sympathique mais un bouffon.

    Que reste-t-il? Il reste plein de gens que j'estime, que je respecte et que j'admire. Il y a cette volonté de protéger son pays, son sous-sol, sa culture, son économie, son écologie. Voir les étudiants se battre avec détermination constitue une bouffée d'air frais. Leur cause première ne me touche pas, je suis incapable de jouer les vierges offenssées) mais leur façon de dire NON, sans conditions, ça m'épate.

    En basant nos espoirs sur un parti ou un autre on risque d'être déçu mais en défendant dès maintenant ce qui nous tient à coeur, on gagne à tout coup.

    N'empêche, une défaite de Charest, ça ne ferait de tort à personne.

    Grand-Langue

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  11. Grand-Langue,

    j'aime beaucoup votre billet, même si je ne considère pas le conflit étudiant comme une fête, un gros party (et je sais que vous faites de l'ironie, espèce de grand détestable :)); et les casseurs s'en donnant à coeur joie, qu'ils soient étudiants ou non n'attirent la sympathie de personne. La violence, peu importe d'où elle vient est inacceptable, c'est ce que je crois.

    Parlant de personne, lisant son commentaire il me fait penser à ce qui me tracasse depuis des semaines; la révolte des étudiants ici est-elle comparable avec le Mai 68 en France? Selon mes souvenirs c'est très différent, mais je ne peux m'empêcher de faire le parallèle. Chose certaine les études supérieures devraient être accessibles à tous; je n'en ai jamais fait, n'ayant pas les moyens il y a déjà longtemps. Je suis une autodidacte qui a beaucoup lu et continue à le faire.

    À quand la révolte des personnes âgées qui vivent en résidence? La plupart n'en ont plus la force et dépendent de la bienveillance de ceux qui les soignent, et de leurs enfants qui les visitent, enfin ceux qui s'en donnent la peine.

    Nos gouverneux, malgré leurs promesses d'ivrognes ne sont pas près à débourser à moins que ça leur rapporte beaucoup de $$$$. Désolante société, désolant monde insensible à tout ce qui ne finit pas en $...

    Lise sans blogue

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  12. Lise sans blogue,

    Suffit de participer à une marche pour comprendre le sens de la fête, du party. On sent une forme de solidarité, peut-être un sentiment de libération. Les casseurs aussi sont heureux, les flics font de l'argent, c'est la fête pour tous!

    Je n'ai toujours pas compris ce que l'on voulait lors de mai '68, sinon un changement de société, une forme de révolution. Peut-être y a-t-il quelque chose de comparable avec cette période, il y a tellement de groupes et de causes qui se ralient aux étudiants qu'on s'y perd. C'est peut-être ça le point commun (sic). Lors de mai '68, il y avait quelque chose dans l'air, des choses qui venaient des USA.


    Faire des études?

    Les études supérieures sont accessibles à tous et à toutes. Après l'augmentation annoncée, les études supérieures seront toujours accessibles et si vous êtes pauvre (chanceuse) elles seront encore plus accessibles qu'avant.

    "Si vous pensez que l'instruction coûte cher, essayez l'ignorance". Je ne connais aucun québécois(e) qui ne peux se payer ces études. Évidemment, il se peut que l'on doive faire des sacrifices.

    En ce qui concerne les personnes âgées, les handicapés, les malades, les démunis, là vous avez parfaitement raison, les grandes foules ne marcheront pas pour eux. Par contyre, il existe de bonnes personnes dans notre monde, des gens qui se préoccupent d'eux. Je crois aux petits gestes, aux petites actions, au pas à pas.

    De façon générale, quand on fait tomber les riches et les puissants, c'est pour prendre leur place. Il y a une transition bien sûr, peut-être que c'est ce que nous vivons.

    Grand-Langue

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    1. Grand-Langue,

      mais non les riches et les puissants ne tomberont pas. Ils auront toujours le dernier mot. Et pour une fois je suis en désaccord total avec vous: non les études supérieures ne sont pas accessibles à tous. On a beau dire que c'est ici au Québec qu'elles sont le moins chères, c'est aussi ici que les salaires sont les moins élevés (en comparaison avec les autres provinces de notre beau grand Kenada).

      Le sens de la fête, non pas du tout en ce qui me concerne, plutôt le sens de la dé-fête (défaite), en majuscule.

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    2. Je n'aime pas me prendre en exemple mais ici je le ferai. Issus d'une famille plus que modeste, comme bien d'autres, mes frères ont fait des études supérieures, moi ça ne m'intéressais pas. Mes parents n'ont pu nous aider pour le logement, les vêtements, la bouffe, pour l'essentiel de ce qu'un humain a besoin pour sa subsistance. Ils n'avaient droit à aucune bourse ou prêt, mon père avait fait faillite. Pourtant, personne ne se souvient avoir connu une mauvaise période! Aide-toi et le ciel t'aidera. C'est ma moto.

      Mes enfants aussi ont payé eux-mêmes logements, frais étudiants et le reste. Ils voulaient demeurer à Montréal. Je me suis occupé d'eux jusqu'aux études supérieures, après cela débrouillez-vous les jeunes. Ils n'avaient droit à aucune bourse, c'était bien ainsi. Des ampoules aux mains et des neuronnes qui suent, c'est sain.

      Il existe sûrement des cas d'exception, il suffira de s'endetter un peu ou de stopper ses études pendant un an ou deux, d'amasser ses sous, de vivre avec des colocs. C'est un sacré bon placement. Je refuse que les étudiants ne soient redevables en rien. Cette vision méprise le petit salarié qui paie 85% des études supérieures des autres. La vraie injustice est là.

      Quand je parle aux étudiants, et ils viennent souvent chez moi, personne ne me fait pleurer. Plusieurs ont tenté de le faire. Pourtant je les adore et ils aiment venir chez moi, peut-être pour les bruchs, pour y faire du pain, préparer de la bouffe qu'ils emporteront et pour... laver leur voiture (sic)!

      Évidemment, mes enfants n'avaient ni téléphone, ni télé, ni voiture, ni Ipods ou Ipads. Ils avaient Internet et des ordinateurs. Ils organisaient des bouffes communes très agréables. Ils voyageaient sac au dos, chez l'habitant, en cognant aux portes. Ma fille et son conjoint viennent tout juste de terminer leurs maîtrises. Ils deviendront travailleurs. Mon fils finira ses jours dans les universités, il est trop bien. Il fait son doctorat et n'a jamais aussi bien vécu même si pour plusieurs il vit une simplicité volontaire.

      Alors, pas de larmes de crocodile au sujet de l'accessibilité à l'université! Qui a dit que tout doit être facile? Aide-toi et le ciel t'aidera.

      Dans une autre vie, avant les années '60, c'était autre chose.

      Je crois que le facteur qui tue, ce sont ces parents qui n'encouragent pas leurs enfants à persévérer dans ce qu'ils aiment faire, ceux qui ne connaissent que la loi du moinde effort, ceux pour qui les études sont une perte de temps.

      Des injustices, il y en a. De nombreux étudiants vivent aux crochets de leurs parents. C'est injuste? Non, c'est la vie.

      Il faut vivre ailleurs pour savoir c'est quoi l'impossibilité de faire des études. Nous en sommes encore très loin.

      Quant aux universités, la priorité est celle-ci: son financement. C'est primordial. Il existe des dépenses injustifiées? Oui, battons-nous contre cela mais n'en faisons pas un prétexte pour éviter une participation de la part des étudiants.

      Grand-Langue

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    3. Je crois vous avoir choqué Grand-Langue. Ce n'était pas mon but et je vous dois des excuses, surtout après avoir lu votre réponse. Il est VRAIMENT temps d'apprendre à me taire, même par écrit.

      Bonne fin de semaine, ce qu'il en reste du moins...

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    4. Ta réponse à Lise, MAGISTRALE, depuis des mois j'essaye de verbaliser ma position sur le sujet, en quelques coups de cuillière à pot tu viens de le faire pour moi, merci, merci, merci, particulièrement ce passage ;
      "Je refuse que les étudiants ne soient redevables en rien. Cette vision méprise le petit salarié qui paie 85% des études supérieures des autres. La vraie injustice est là."
      Cette phrase va voyager dans mon cercle.
      Permission please ???
      Yuan

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    5. Yuan,

      Ce que j'écris est public, ça ne m'appartiens plus dès que mon texte s'affiche. Mes mots appartiennent à tous.

      Grand-Langue

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  13. C'est à la lecture de votre billet que je réalise à quel point la presse espagnole doit totalement ignorer l'existence du Canada et plus encore du Québec.
    Je n'ai pas non plus la télé mais je suis certaine qu'il n'y a jamais eu aucune référence aux événements qui se déroulent là-bas ni même à d'autres d'ailleurs.
    Du coup, on a l'impression que chez vous, il n'y a pas de problèmes,

    Ah les bienfaits et les dangers de l'ignorance !

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  14. Mia,

    Avec tout ce qui se passe en Europe, je comprends que la presse espagnole parle peu du Canada ou du Québec.

    Par contre, nos médias parlent beaucoup de la situation économique de l'Espagne, de l'Italie, du Portugal et évidemment de celle de la Grèce.

    Chaque pays a ses problèmes. De façon générale, la situation québécoise est bonne mais comme partout ailleurs en Occident, bien des gens en ont marre de la corruption, des excès de la part de nos dirigeants dans la fonction publique, des politiques et industriels. Tout cela n'est peut-être pas étranger au fait que des étudiants du niveau supérieur (universitaires) puisse s'pposer avec tant de véhémence à une hausse des frais de scolarité.

    Le prétexte officiel à ces manifestations m'apparaît anodin. Nous saurons plus tard s'il y avait autre chose pouvant justifier ces marches nocturnes.


    Grand-Langue

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  15. Cher Grande Langue,
    En vous lisant j’ai tout de suite réalisé que vous étiez la personne qu’il nous faut pour dénouer cette crise qui paralyse le centre ville de Montréal depuis plus de cent jours.
    On sait à quel point les Québécois aiment l’humour. Or, je disais dernièrement à une amie : Ce qu’il nous faudrait pour dénouer cette crise (ou mettre fin au party et à la parade, comme vous dites), c’est un leader charismatique, modéré, capable de dédramatiser.
    Votre billet m’a fait sourire et du coup j’ai oublié le dernier bulletin de nouvelles à la tv, les articles des chroniqueurs de La Presse ainsi que tous les discours des biens pensants de gauche, de droite ou du centre de quelque chose.
    L’humour aide à se distancier, à mettre les choses en perspective et vous le faites très bien.
    Mais il est difficile quand on habite dans l’Île de prendre un recul de plus de 5 kilomètres, les ponts sont toujours bloqués.
    Vous saviez que depuis quelques jours, se sont ajoutés aux paradeux pour toutes bonnes causes, le « groupe des Casseroles »? Je ne sais pas s’il s’agit d’un groupe de femmes au foyer qui revendiquent une reconnaissance pour leur apport économique au pays ou peut-être des restaurateurs en beau joual vert qui ont perdu beaucoup d’argent depuis quelques mois.
    Quoiqu’il en soit, mon fils, qui doit traverser le centre ville pour aller travailler, m’a dit qu’il avait vu un groupuscule qui manifestait contre la fiente de pigeons, un fléau pour les édifices sur la rue Ste-Catherine.
    C’est vous dire comme il y a une multitude de bonnes causes pour marcher, d’autant que c’est un très bon exercice pour la santé.
    Je partage votre point de vue en ce qui a trait aux frais de scolarité et à l’accessibilité aux études post secondaires. J’ai trimé dur pour les payer en vendant des médailles, des chapelets et de l’huile de St-Joseph au salaire minimum. Dommage qu’on n’aborde pas davantage et en profondeur le sujet de fond.

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  16. Caboche,

    Moi! Dénouer la crise? Je suis un pur inconnu, un obscur citoyen. Au travail on ne me voit mêmne pas! En y pensant bien je pourrais devenir le LEADER INCONNU! Comment pourrait-on me suivre alors qu'on ne voit même pas?

    Peut-être que justement ce n'est pas un leader qu'il nous faut! Je vois les gens marcher sur CUTC. Autre paradoxe, il s'agit d'une université anglophone qui diffuse les marches nocturnes alors que les étudiants des universités anglophones n'ont pas manqué de cours! Il se passe des choses curieuse pendant ces manifestations.

    Au sujet de l'humour, je ne fais pas le drôle, c'est la vie qui offre des drôleries. Je mets cela en évidence. Nous sommes naturellement drôles, je me demande pourquoi nous payons pour assister à des spectacles d'humour. Payer pour rire, c'est comme payer pour faire l'amour, c'est pathétique. La grande popularité des humoristes démontre un malaise social. Rire devrait être la chose la plus naturelle et la plus gratuite. Marchons contre le prix élevé des billets des spectacles d'humour. Il y a probablement un groupe qui marche contre ça, faut juste le repérer.

    Grand-Langue

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  17. @Mia
    Oui ! C'est exactement ça : on n'entend pas grand'chose médiatiquement parlant, du Canada, du Québec, dans nos contrées. Et ce, depuis bien avant les événements actuels. Du coup, on se fait l'idée que ça doit être un pays sacrément paisible (dans le bon sens du terme), où il fait bon vivre au quotidien.
    Pour l'instant, je me renseigne un peu sur les partis politiques canadiens, histoire de tenter de replacer ces perturbations sociales actuelles dans leur contexte.

    @Grand-Langue
    Merci de m'avoir résumé dans ton commentaire en réponse au mien, les événements par chez toi, avec cet humour appréciable. Si les confrontations avec les manifestants pouvaient générer quelques centaines de morts, les médias seraient probablement plus prolixes en Europe. Un peu d'ambition, que diable ! Du spectacle d'arène ! Du sang ! Des malheurs ! Du drame ! Soutenons l'industrie médiatique dans ce qu'elle sait parler le mieux !
    Plus sérieusement, et sur un autre sujet, je tutoie facilement sur internet, mais ce n'est pas une obligation, selon les sensibilités. Grand-Langue, préférez-vous que l'on se tutoie ? Préfères-tu que l'on se vouvoie ?
    ;-)

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  18. Personne,

    D'autres auraent sûrement fait un autre résumé que le mien, c'est aussi ma vision des choses. Je n'ai aucun problème avec le tutoiement. De mon côté, sur Internet, je vouvoie. Cela importe vraimnent peu, le proximité que nous pouvons ressentir ne dépend pas de cela.

    Il y a Zed qui emploie le tutoiement dans un autre dessei : celui d'abbatre les frontière (rire). Les frontières sont dans la tête des gens.

    Grand-Langue

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  19. @ Lise,

    Je suis un peu comme Grand Langue, je ne comprends pas votre réaction!!!!

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    1. Facto,

      ma réaction, sans importance! Ne vous en faites pas; inutile de chercher là où il n'y a rien à trouver.

      Rien à comprendre, sauf pour moi-même....

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    2. Lise,

      Pas grave, il faut juste conserver le sens commun dans nos échanges et je suis content de vous voie vous exprimer! N'oubliez pas mon nouveau nom: Grand-Langue, pas toujours calme et tranquille la Grand-Langue.

      Grand-Langue

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    3. Grand-Langue

      J'avais peur de vous avoir choqué, c'est toute l'explication. Il n'y a rien d'autre à comprendre.

      Votre exemple m'a fouettée un peu car je ne suis pas une fonçeuse, ni une personne courageuse, plutôt une peureuse. Je n'avais pas la force, à l'époque où j'aurais pu le faire de poursuivre des études, suite à des circonstances que je préfère taire. Vous dites "aides-toi et le ciel t'aidera", or je n'ai jamais su m'aider moi-même, et pour ce qui est du ciel...euh...pfft!

      Mettons que je ne suis pas trop fière de moi.

      :-D

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    4. Lise,

      Oui, le ciel, enfin, c'est une façon de parler. Le ciel, ce sont les autres personnes.

      Et puis, pourquoi avoir peur de choquer? C,est celui ou celle qui se choque qui a un problème. Si vos propos peuvent choquer, ça n'a pas d'importance.

      Grand-Langue

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  20. Si cette crise sociale au Québec (qu'on appelle encore grève étudiante) s'intensifie et se propage à la grandeur du territoire, et pas seulement à Montréal, depuis plus de 100 jours, c'est qu'il y a autre chose en-dessous, de beaucoup plus profond, qui nourrit la motivation de tous ces gens qui s'informent, écrivent, s'expriment, discutent, réfléchissent... et parfois marchent dans la rue en faisant beaucoup de bruit.

    Le gouvernement actuel n'a pas été du tout à l'écoute de sa population, trop occupé à nous vendre son Plan Nord et autres calamités, sinon il aurait senti d'où venait le vent et il aurait pu réagir autrement que par le mépris, la fermeture d'esprit, la non négociation. On a si peu expliqué au début de quoi il en retournait du financement de nos universités et des choix qui avaient été faits dans le passé à ce chapitre et qui expliquaient les défis actuels, parce que ça, les gens l'auraient compris, mais on a plutôt essayé d'enfoncer dans la gorge des étudiants 75 % d'augmentation d'un seul coup. C'est là que les positions se sont durcies des deux côtés. Et qu'on a fait des erreurs de part et d'autre. Un vrai gâchis.

    L'éducation est un sujet sérieux et passionnant, une valeur qu'on prône et pour laquelle on est tous prêts à faire des efforts et des compromis. Nous sommes concernés, quelle que soit notre opinion là-dessus.

    La crise actuelle, je le redis, trouve son explication et sa motivation dans beaucoup plus profond que ça. S'il y avait dénouement ou sortie de crise dans les prochains jours, ce qu'on souhaite tous, maintenant ce gouvernement aurait fort à faire pour se faire réélire. Le réveil a sonné. On pourrait toujours se virer de bord et se rendormir en appuyant sur « snooze » mais on ne dormira plus aussi profondément qu'avant.

    Je n'ai jamais porté le carré rouge, parce que j'aurais été ouverte à une augmentation raisonnable des frais de scolarité, aussi, je comprends pour l'avoir vécu qu'on apprécie plus ce pour quoi on a investi de son temps et de ses énergies, je considère la gratuité scolaire comme une utopie, et pourtant, quand le gouvernement a voulu museler les étudiants et la population avec sa loi 78, j'ai réagi très très fort. Et je crois être (pour une fois) très représentative de la population du Québec en général.

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  21. Rérire ce billet à l'envers et ce sera l'opinion que j'ai, le sentiment puissant que nous avons à Montréal et ailleurs en ce moment, de solidarité, de parler des régions, de nos ressources... Des gens de tous âges qui au lieu de s'écraser devant la télé, sortent par devoir.

    Les casseroles, initié au Chili contre Pinochet. Les hommes ont aussi le droit d'y toucher, ne soyons pas sexistes.

    Pour info : http://leglobe.ca/blog/2012/05/lettre-ouverte-aux-policiers-de-la-part-dun-ancien-confrere-a-la-retraite/

    Les frontières sont partout où les murs s'élèvent, qu'ils soient de mots, de regards ou de gestes.

    Rouge d'un coin à l'autre, Zed

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  22. Zed,

    Un chilien avec lequel je bosse me disait que cette coutume consistant à tapocher sur des casseroles s'était fait valoir contre le régime Pinochet mais qu'elle est d'une origine antérieure...

    La première fois qu'il les a entendues, c'était en décembre 1971, près d'un an après l'élection du gouvernement socialiste de Salvador Allende. «C'était une protestation de femmes très riches qui sont sorties dans les rues de Santiago pour cogner sur leurs casseroles vides pour montrer qu'elles n'avaient plus rien à manger», explique M. Leon, rencontré hier dans son logement de Limoilou.

    Mais selon celui qui se décrit comme un intello de gauche, la pénurie était en fait une construction de l'esprit. La bourgeoisie chilienne, soutient le restaurateur et cinéaste à la retraite (détenteur d'une maîtrise en communication de l'Université de Montréal), n'appréciait tout simplement pas le nouveau président aux visées nationalistes et s'était organisée pour créer un manque artificiel de produits de première nécessité.

    «On trouvait dans les rivières des pommes de terre et du café, les riches les jetaient plutôt que de les vendre pour montrer qu'ils manquaient de denrées. [...] Ils jouaient la comédie», affirme le Chilien qui se rappelle les longues files pour se procurer des aliments.


    Zoreilles,

    Je ne considère pas une utopie le fait de souhaiter des études supérieures gratuites (ou à peu près gratuites). Pourquoi pas, si on pouvait se le permettre? Suffirait d'assainir nos finances publiques. Elle est peut-être là l'utopie. Je doute que c'est en changeant de gouvernement que cela peut se produire, mais peut-être qu'en suivant les élus pas à pas, sans relâche... qui sait.

    Et puis, avant de souhaiter la gratuité, il faut avoir de bonnes universités bien financées. Autrement, à quoi bon. Ma référence, c'est ce qui se passe en science. C'est pas beau, nous perdons de la crédibilité et des possiblités d'autant plus que le gouvernement fédéral (Harper) tente par tous les moyens de stopper la recherche dans de nombreux domaines. Pour moi, elle est là la priorité.

    La hausse de 75% n'était pas "d'un seul coup", mais sur 7 ans et je crois que le plus important était d'aider les plus démunis par le biais de bourses plus généreuses. Les frais, c'est un leurre.

    Il faut voir les intérêts de chacun. Les combats, les batailles et les guerres, ça dénature tant de choses, chacun étant convaincu d'avoir raison, au point qu'une entente sera acceptée non pas si elle bonne mais si elle permet de sauver la face afin de calmer les belligérants. Pour conclure une entente, faut-il aller si loin et faire payer la note à tant de gens (jeunes)?

    En ce qui regarde les autres motifs de contestations, je serais porté à croire qu'il faut les attaquer un à un. Vendredi passé j'ai assisté à quelques marches, certaines plus importantes que d'autres et il me fut impossible de conclure quoi que ce soit.

    Le plus important c'était peut-être le fait que les gens aient retrouvé du plaisir à se regroupper. Je n'y ai vu que du festif.

    Grand-Langue

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  23. Je viens d'allumer la radio France Inter, je tombe en plein reportage sur le Québec...
    http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-j-y-suis-printemps-erable-libre-le-quebec-vibre

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